Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon
Contexte général
Depuis la période qui correspond au début du règne personnel de Louis XIV, la paroisse de Mouzillon possède des registres paroissiaux dont une grande partie est conservée, malgré une carence de 1702 à 1712. Les registres de la paroisse de Mouzillon sont souvent bien rédigés à la fois par la calligraphie et par les expressions utilisées.
Ces registres paroissiaux donnent des indications précises sur cette communauté humaine à partir de 1668. Cependant, ces indications restent limitées à ce qui peut être inscrit dans un registre qui mentionne les baptêmes, les mariages et les sépultures. Ces actes qui enregistrent les baptêmes, les mariages et les sépultures sont crédibles en raison de leurs signatures, de leur cohérence et du contexte règlementaire et social dans lequel ils s'inscrivent.
Des marques aristocratiques qui se réduisent
Le lieu de référence est probablement le bourg qui représente un habitat aggloméré, mais c'est la Cour de la Barillière, située à plus d'un kilomètre du bourg qui représente la société noble. A la fin XVIIème, c'est la famille Du Bois de la Ferronière qui est à la Cour de la Barillière.
La famille de Bruc habite la Morandière, des fêtes (mariages et sépultures) sont célébrées dans la chapelle de la Morandière.
A partir du milieu du XVIIIème siècles les registres mentionnent de moins en moins d'actes d'état civil de membres de l'aristocratie dans la paroisse. Le château de la Barillière est habité par deux Mouzillonnais (Louis Grégoire et Marie Grégoire) et leurs enfants à partir de 1759. Le château est aussi appelé « maison noble » et finalement à partir de 1785 cette famille Grégoire a quitté cette maison pour s'installer dans le bourg.
Trois mariages sont célébrés dans la chapelle de la Barillière : celui de Louis Grégoire et de Marie Grégoire en 1759, celui de François Chardonneau et de Olive Fleurance le 9 septembre 1788, celui de Pierre Bouchereau et de Jeanne Dugast le 14 juillet 1789 !!! Une date mémorable pour cette famille et pour les français !
Un système judiciaire sous l'ancien régime
Le système judiciaire en place fait qu'habite à Mouzillon un notaire-greffier de la juridiction du Marquisat de la Gallissonnière.
De même, un greffier du Pin Sauvage (Clisson-Cugand) réside à Mouzillon. La vie publique est donc en partie structurée par un système où la noblesse a une part déterminante.
L'évolution de la paroisse
La paroisse de Mouzillon ne devait pas être une paroisse des plus recherchées puisque des actes mentionnent des déservants désignés pour exercer les fonctions curiales. Pourtant les registres de cette paroisse sont plutôt mieux conservés que ceux des paroisses voisines.
Avec l'arrivée du curé Dubois de la Feronnière apparaissent des signes de la contre-réforme catholique mise en place par le concile de Trente en réponse aux tendances protestantes :
a- la publication des bans précédant les mariages se précise dans les actes;
b- le saint patron de la paroisse est explicitement mentionné : Saint Martin;
c- l'expression "saint sacrifice de la messe" est formalisée;
d- Et le rattachement à l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine est affirmée.
Ce curé avait probablement bénéficié de la formation dispensée par la compagnie de Saint-Sulpice au grand séminaire de Nantes.
Quelques décennies plus tard, comme l'attestent les registres, l'action du clergé sur la vie familiale a été particulièrement forte en suivant deux axes :
1- dans de nombreux cas, le prêtre de la paroisse vérifie les liens de consanguinité entre les fiancés. Cette action était d'autant plus importante que les liens de parenté étaient un tissu particulièrement serré dans cette communauté humaine.
2- les fiançailles ont été inscrites sur les registres, témoignant de la publication aux messes du dimanche. Le mariage était un acte éminemment public. Nous étions dans un société holiste : la place de l'individu, ses choix, ses orientations, les fonctions qu'il occupe et sa vie affective sont fortement encadrés par la structure sociale.